Vous vous souvenez du charmant chasseur de photomatons jetés dans tout Paris du Fabuleux destin d'Amélie Poulain ? (Oui je sais ça fait ringard aujourd'hui d'aimer ce film, mais moi je ne boude pas le plaisir qu'il m'a procuré à l'époque et continue même dès que j'entends quelques notes de la musique ou lorsque je tombe sur des images cultes : le nain de jardin voyageur, les framboises à chaque doigt, la boite à trésors,...).
Les deux livres dont je vais vous parler renvoient aux même charmes nostalgiques mais pas seulement. Certes la plupart des photos sont en noir et blanc et nous parlent d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître... mais leur charme est ailleurs.
Dans Photo retrouvéeparu chez Phaidon, les auteurs ont récupéré des photos abandonnées au Puces ou dans les poubelles.Certaines, grâce à la maladresse de leur auteur ou du sujet qui n'a pu s'empêcher de bouger, auraient mérité d'être exposées sur les cimaises d'une galerie. D'autres réservent des surprises dues à une surexposition, voire une superposition involontaire. Souvent les ombres sont des sujets à part entière de ces photos, celles du preneur d'image prend souvent une telle importance que la photo a fini à la poubelle et pourtant elle nous dit quelque chose. On a tous des cartons de photos (d'avant l'APN) qui dorment bien tranquillement au grenier, dans le fond d'un placard ou sous un lit. On a du mal à imaginer qu'elles puissent évoquer quelque chose pour des étrangers, et pourtant c'est le cas, tous ces hommes, femmes, enfants chiens, chats, ne me sont rien et pourtant ils me parlent, tous. Certains sont rigolos, celui-là est mélancolique, l'autre là a bougé et il est le seul de la famille dont nous ne connaîtrons jamais le visage. Ce jeune homme pose avec son père, ça ce voit, même regard, même nez. Et cette femme dans la cour de sa petite maison, ça pourrait être ma grande tante. Cette petite fille dans le jardin, c'est moi, j'ai à peu près la même dans mes cartons ! Il y a de l'universel dans ces photos et c'est pour cela que je voulais les partager avec vous. Si vous passez à côté de ce joli livre arrêtez vous, feuilletez-le et écoutez le, il vous parle.
Dans Photomaton paru à La Martinière, ce sont des petites photos d'anonymes ou de célébrités qui nous parlent d'une époque et donc de nous-mêmes. Les cabines de Photomaton auront bientôt 100 ans et dès leur apparition dans les foires c'est le côté ludique qui l'emporta. Fini les séances intimidantes chez le photographe, on peut se faire tirer le portrait sans craindre le regard d'autrui et cela permet de laisser libre cours à sa créativité. Et on ne s'en prive pas. Cela donne des choses drôles, incongrues, et tendres comme cette femme qui s'est fait photographier avec son chien et son petit chapeau cloche. Et puis il y a les artistes qui ont su tirer le meilleur de ce nouvel outil : Andy Warhol, Topor, Francis Bacon et bien sûr les surréalistes. Ça donne envie de s'accroupir pour chercher des photomatons jetés sous la première cabine venue pour découvrir des petits bijoux.
