Souvent parfois la qualité d'un roman n'attend point le nombre de pages.
Savoir faire court est souvent une qualité en littérature et dans cette rentrée j'ai trouvé deux très courts textes qui ont une vraie puissance évocatrice et qui en disent bien plus que de très longs discours. Plusieurs points communs entre ces deux livres : des voix de femmes et la mer.
La mer, le matin - Margaret Mazzantini - Robert Laffont
L'histoire de deux mères qui vivent chacune d'un côté de la Méditerranée avec leur fils. L'une est en Libye et l'autre en Italie. Leurs vies difficiles et leurs destins tragiques nous permettent d'approcher l'histoire compliquée et imbriquée de ces deux pays.
Ce texte est aussi passionnant lorsqu'il nous fait toucher du doigt la complexité des "migrations" dans les deux sens. Les choix impossibles pour survivre avant même de penser à vivre.
Un livre très sensible où tout est évoqué avec pudeur et finesse et il n'en a que plus de poids. En le lisant j'ai beaucoup pensé à Eldorado de Laurent Gaudé que j'avais aussi adoré.
Certaines n'avaient jamais vu la mer - Julie Otsuka - Phébus
Ces femmes qui n'avaient jamais vu la mer, n'avaient jamais quitté leur village ni leur famille. Dès les premières pages, on les découvre sur le pont d'un navire qui les emportent vers leurs maris, des japonais qui ont migré aux Etats-Unis. Elles les ont épousés par correspondance et pensent avoir épousé des banquiers, des commerçants et se retrouveront à trimer dans les champs aux côtés de leur journalier de mari.
Après une traversée éprouvante elles vont découvrir un pays inconnu sans jamais vraiment le connaître où elles resteront toute leur vie des étrangères voire des esclaves.
Une écriture à la fois sensible et puissante qui donne toute sa force à ce très court roman qui nous emporte aussi loin qu'un gros pavé.
Voici deux jolies trouvailles dans cette rentrée que je vous invite à découvrir sans tarder. En plus vous avez vu comme les couvertures sont jolies.